Le BIM pour la conduite des travaux, comment s’appuyer sur les modèles numériques pour l’assurance qualité en phase réalisation

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Le BIM pour la conduite des travaux, comment s’appuyer sur les modèles numériques pour l’assurance qualité en phase réalisation

La deuxième interview de notre série « les Sessions du BIM » avec Maxime Duval, Ingénieur Civil EPFL, Responsable BIM chez Tekhne SA et Nicolas Pierret, Architecte EPFL, Responsable Innovation et Digitalisation, chez Tekhne SA.

Pouvez-vous me présenter l’entreprise Tekhne en quelques mots ?

Tekhne est une société d’architecture spécialisée dans la gestion de projet et la planification, qui fête ses 25ans cette année. Ses prestations principales portent sur le pilotage et la coordination de projet, l’assistance au Maître d’Ouvrage, la gestion des coûts, de la qualité et des délais, la direction de travaux, ainsi qu’une activité d’expertise ponctuelle sur le déroulement des projets de construction.

Elle compte une soixantaine de collaborateurs (principalement architectes et ingénieurs), répartis dans 4 succursales : Lausanne (Siège), Genève, Fribourg et Berne

L’entreprise Tekhné a mis en place une chartre de travail BIM . Quelles sont les raisons d’une telle chartre et quels sont ces principaux objectifs?

TK a la volonté de digitaliser ses processus de travail et le BIM en fait naturellement partie. La charte de travail BIM au sein de l’entreprise permet d’informer, de standardiser et de former nos collaborateurs sur les nouveaux processus de travail.

Les principaux objectifs sont de définir le cadre BIM de l’entreprise (Objectifs BIM, Cas d’Usages BIM, Exigences de modélisation, processus BIM internes) et d’expliquer et de documenter les processus de travail BIM dans un projet, de la conception à la réalisation et en rapport avec nos prestations.

Comment assurer une stratégie de contrôle de la qualité en phase de conception jusqu’à la réalisation d’un projet? (Instruments, outils spécifiques, processus, méthodologie)

 La démarche que nous proposons consiste à mettre en place une stratégie de contrôle de la qualité, en identifiant les objectifs, les moyens, les processus et les structures.

Cette formalisation permet d’impliquer tous les acteurs du projet dans la démarche en déterminant l’ensemble des exigences de qualité. Au sein de cette stratégie, nous avons identifié trois étapes indispensables

  • Etablir un Plan d’Assurance Qualité propre au projet, et l’intégrer dans les processus de travail des différents acteurs (notamment via les appels d’offres et les contrats).
  • Planifier l’ensemble des contrôles qualité à réaliser lors du déroulement du projet
  • Mettre en place des flux de travail et de collaboration s’appuyant sur des outils digitaux permet un suivi rigoureux mais réalisable de cette démarche qualité, par tous les intervenants.

L’association au processus BIM facilite le lien entre conception et réalisation. L’automatisation et l’exploitation des informations des modèles pour la démarche qualité permet de valoriser les résultats des phases précédentes.

Quels sont les avantages d’une telle stratégie pour la conduite des travaux ?

Pour l’entreprise, la mise en place d’un PAQ permet une standardisation du suivi de chantier, en minimisant la perte de temps et en augmentant l’efficacité et la qualité de la prestation.

L’établissement d’un PAQ entraîne une plus grande transparence, au bénéfice de tous les acteurs, tant ceux qui exécutent que ceux qui planifient.

Pour le projet, une démarche qualité permet d’encadrer et de systématiser les contrôles, et donc de minimiser les erreurs et d’y remédier le plus rapidement (donc en réduisant les coûts).

Une approche de la thématique de la qualité structurée et centralisée, à travers une vision globale des mesures et des contrôles, une documentation commune (fiches, photos,…) permet une meilleure maîtrise du projet en gérant et anticipant les problématiques de qualité.

Selon vos expériences, quels sont les points délicats dans la mise en place du processus d’assurance qualité? (Réaction du côté de l’entreprise avec les collaboratrices et collaborateurs?)

La réussite de la démarche qualité repose sur l’implication et l’engagement des différents acteurs et donc peut nécessiter une formation et un accompagnement.

L’établissement d’un plan d’assurance qualité permet de formaliser les responsabilités et les rôles de chacun dans la qualité du travail réalisé. Selon les contrats négociés, certaines mesures peuvent être sujettes à dissension.

La formalisation des exigences et des démarches de qualité semble entraîner un surplus de travail, que ce soit pour l’encadrement de la démarche comme pour sa mise en œuvre.

➝ Toutefois, ce temps constitue en réalité un investissement pour tous les acteurs, tant dans la réalisation de leurs prestations que pour la relation de confiance avec le client.

➝ De plus, l’aide d’outils digitaux permet de grandement minimiser la charge de travail tout en garantissant une efficacité et une rigueur dans le suivi, au bénéfice de tous les acteurs.

L’utilisation d’outils numériques peut constituer un frein, et nécessiter l’accompagnement des acteurs.

 

Où voyez-vous le BIM dans cinq ans ?

Les questions et les problématiques que nous rencontrons aujourd’hui dans le déploiement des processus BIM devraient disparaitre, à la faveur d’une adoption généralisée de cette méthode de collaboration.

L’imposition du BIM par les autorités publiques dans le cadre des appels d’offre, tout comme le traitement des démarches d’autorisation de construire devraient profondément modifier la demande, tandis que l’augmentation progressive de la maturité des acteurs aura pour conséquence d’augmenter les gains de compétitivité liés à son déploiement, et donc lever les freins à l’adoption.

La complexification des projets, combinés aux enjeux de construction durabilité et à une meilleure intégration des notions de cycle de vie du bâtiment augmente les défis de la collaboration, et nécessite une meilleure valorisation des données produites par les processus de projet. La prise de décision éclairée devra s’appuyer sur ce “BIG DATA” de la construction, au sein duquel le BIM ne sera qu’un outil.

 

Interview: Brigitte Manz-Brunner